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Publié le 12 mars 2012
Rapport des journées de plaidoyer à Ouahigouya
Vendredi 17 février 2012 :
Rencontre avec les patrons de presse à Ouahigouya
Des rencontres
Avant la journée de plaidoyer et de concertation entre les journalistes et les patrons de presse de Ouahigouya, le RIJ a adressé une correspondance aux différents patrons de presse les invitant à cette rencontre. Mais pour davantage les inciter à y prendre part, le RIJ a demandé une audience pour le vendredi 17 février. C’est ainsi que Kpénahi Traoré et Koffi Amétépé ont rencontré les personnes suivantes :
Emile BAYALA, Directeur de la radio rurale ;
Bernard Lédéa OUEDRAOGO, fondateur des groupements Naam et promoteur de la radio Voix du paysan ;
Fatimata OUEDRAOGO, directrice de la radio Wend panga ;
Adama OUEDRAOGO, directeur de la radio de l’Amitié.
Pour ce qui concerne la presse écrite, il faut souligner que ces patrons de presse résident dans les grandes villes telles que Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Ils ont généralement des équipes réduites aux correspondants dans une ville comme Ouahigouya. Aussi, deux radios locales ont pour l’heure cessé d’émettre. Il s’agit de radio Solidarité et Radio Notre Dame du Salut.
Les rencontres ont permis de présenter le RIJ ainsi que ses activités, d’échanger sur la vie des médias de la ville, et d’inviter les patrons de presse à la journée de plaidoyer.
Bien qu’ayant apprécié cette initiative, ces derniers ont décliné l’invitation. Néanmoins, ils ont partagé avec le RIJ, certaines de leurs réalités quotidiennes.
La radio rurale
La radio rurale étant un organe public, elle est liée à la gestion de l’administration publique. Beaucoup de difficultés se posent quant-à sa gestion. Des problèmes matériels, manque d’autonomie (les décisions pour la radio sont prises depuis Ouagadougou), manque de moyens de déplacement pour assurer les reportages (le véhicule du DR est le plus souvent utilisé pour transporter les journalistes), pas de budget de fonctionnement. Pourtant, à sa création, la radio rurale de Ouahigouya devait générer un revenu annuel de 5 millions de francs CFA, alors qu’on ne lui donne pas les moyens de travailler. Les recettes qu’elle réussit à engranger du fait des reportages facturés ou des communiqués sont automatiquement reversées au trésor public à Ouaga qui se charge de faire la répartition. Cela amène les journalistes à ne pas prendre d’initiatives parce que les moyens de base n’existent pas et les conditions ne sont pas réunies pour travailler. De même, il leur est exigé de faire rentrer des fonds à la radio. Cette situation a créé un climat tendu entre les journalistes et leurs patrons.
Le directeur a dit faire de son mieux pour doter la radio de matériels. Il pense aussi que pour permettre aux journalistes de bien travailler, il leur faut des moyens adaptés aux contraintes de la région, et amener la radio à évoluer vers une autonomisation.
La voix du paysan
A la Voix du paysan, le promoteur a mentionné que les journalistes possèdent du matériel de travail dont des véhicules de reportages et des frais de missions pour leur permettre de travailler dans de bonnes conditions. Il a aussi noté qu’en plus des efforts fournis à l’interne, la Voix du paysan reçoit des aides (en matériels) de la part de ses partenaires techniques et financiers. Selon lui, il ne s’ingère pas dans la gestion de la radio, les journalistes ont la latitude de s’organiser à leur guise et de prendre des initiatives.
La radio de l’Amitié
A la radio de l’Amitié, le directeur a déploré la concurrence sur le terrain qui ne rend pas les choses faciles, car Ouahigouya est une petite ville où il n’y a le plus souvent, pas d’offres commerciales. Il aussi fait la remarque qu’il y a une confusion entre le métier de journalistes et d’animateurs. Il est prêt à investir pour former ses journalistes, mais le souci majeur est qu’une fois formés, les journalistes s’en allaient, l’investissement devenait alors non rentable. Pour lui, la radio est prête à accompagner les journalistes si les initiatives qu’ils prennent ne sont pas des sujets à polémiques.
La radio Wend Panga
La directrice de la radio Wend panga a, quant à elle souligné que sa radio a du mal à rentabiliser les dépenses effectuées, car elle n’a pas de budget et vit uniquement sur ses recettes. Et à propos du dialogue avec les journalistes, il n’existe pas de cadre favorisant cela, néanmoins, elle se dit prête à plaider pour la cause des journalistes pour leur faciliter le travail, ce qui permettra à la radio d’être plus rentable.
Samedi 18 février 2012 :
Journée de Concertation avec les journalistes de Ouahigouya
Bien qu’ayant apprécié l’approche du RIJ, les patrons de presse ont affirmé qu’ils ne pouvaient pas assister à la rencontre du 18 février. Au regard de cela, la journée de concertation a été un cadre pour les journalistes qui viennent de divers organes de relever les entraves à leur plein épanouissement dans la profession et de se donner mutuellement des conseils et recommandations.
La rencontre du samedi matin a débuté à 9h30 par un mot de bienvenu de la mission du RIJ et un résumé de la rencontre avec les patrons de presse et directeurs de médias à Ouahigouya, avant l’entrée dans le sujet à proprement dit. Après cela, la place était faite aux échanges au cours desquels plusieurs entraves ne favorisant pas le dialogue entre patrons de presse et journalistes ont été soulevées. Selon les journalistes :
les patrons de presse font du favoritisme ;
ils n’écoutent pas leurs employés. La communication est réduite au strict minimum ;
les questions financières sont à la base de frictions entre patrons de presse et journalistes ;
Il existe une méfiance entre les patrons de presse et les journalistes ;
l’inexistence d’unité et d’union entre les agents dans les radios rend la collaboration difficile ;
Les agents de la radio n’ont pas de porte-parole pour discuter avec les patrons ;
les directeurs exigent parfois la facturation de certains reportages qui ne nécessitent pourtant pas de facturation parce que ce sont des sujets d’intérêt général population.
Des propositions
Après avoir énuméré les contraintes du terrain, les participants à la rencontre ont réfléchi sur des approches pour faciliter le dialogue dans leur profession. Il s’agit notamment de :
sensibiliser les patrons de presse sur l’adéquation entre les offres financières, le fonctionnement des médias et le contexte général de la ville ;
expliquer aux patrons de presse, le fonctionnement d’un média puisque ce ne sont pas toujours des professionnels des médias qui en sont les promoteurs. De ce fait, ils ne comprennent pas les réalités du milieu ;
rompre avec le concept de « radio boutique » parce que beaucoup de patrons de presse ont créé des radios sans avoir étudié le milieu médiatique, avec pourtant un souci de rentabilité. Dans ce cas, la communication devient difficile entre employeurs et employés ;
envisager une formation en marketing pour les organes de presse, afin de rentabiliser des fonds, ce qui permettra un meilleur traitement salarial des journalistes ;
inciter les patrons de presse à allouer un budget annuel pour le fonctionnement des médias ;
définir un programme de fonctionnement annuel et des objectifs à atteindre ;
désigner au sein de chaque média, un porte-parole des journalistes, ce qui contribuera à rétablir la confiance entre les journalistes et les patrons ;
trouver un facilitateur entre les deux protagonistes (patrons de presse et journalistes) ;
créer un cadre de dialogue, un espace de concertation.
Des initiatives locales
Le RIJ, lors de missions antérieures à Ouahigouya avait encouragé les journalistes à se regrouper au sein d’une structure leur permettant de discuter, de renforcer leur collaboration, et au besoin de défendre leurs intérêts. Ainsi, le 30 novembre, à l’issu de concertations, il avait été mis sur place un comité de réflexion composé de quatre membres.
Le dernier point de cette rencontre a donc été l’intervention de Albert Ouédraogo concernant les travaux du comité de réflexion des journalistes de Ouahigouya, constitué d’Albert Ouédraogo, Shérif Coulibaly, Pascal Ganamé et Kalizéta Soro. Il a affirmé que le travail du comité a avancé et que l’association qui sera créée pourra porter le nom « Union des journalistes du Nord ».
Albert Ouédraogo a promis que la prochaine mission du RIJ à Ouahigouya verra déjà la mise sur pied de l’association. Il s’est engagé à informer le RIJ de l’évolution de la situation. La rencontre a pris fin à 11h 30 et les échanges se sont poursuivis autour d’un cocktail.
Note de fin
Au regard des échanges avec les patrons de presse d’une part et avec les journalistes d’autre part, il apparait évident qu’une concertation entre les deux groupes est nécessaire. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles le RIJ a voulu ce plaidoyer. Le refus des patrons de presse d’y prendre part, témoigne de la nécessité de renforcer le plaidoyer. Que faut-il faire donc ? Quel cadre pourrait-on trouver pour réunir Journalistes et patrons de presse ? Le RIJ poursuit la réflexion. Mais il faut signaler que le regroupement des journalistes au sein d’une association pourrait leur permettre d’entamer au plan local des actions de rapprochement avec leurs patrons à travers les idées qu’ils ont identifiées ci-dessus.
Les activités de suivi tenteront une fois de plus, de faire comprendre aux différents acteurs des médias de Ouahigouya, la nécessité de communiquer pour aplanir les divergences et favoriser le rayonnement du métier de journaliste.
Le rapporteur
Kpénahi TRAORE